La qualité des eaux est un enjeu capital pour Biarritz
Tentons d’abord de remettre les choses à leur place : la pollution totale générée par la France représente 0,2% de la pollution de la planète, quand USA et Chine en produisent 20% chacun. De plus, ce n’est pas à Biarritz que l’on trouve les usines pétrochimiques ou les centrales à charbon les plus polluantes de l’Hexagone. Ou alors, j’ai mal regardé. Notre bourgade de 25.000 habitants avec ses quelques voitures et scooters est quantité infinitésimale de la pollution nationale et a fortiori mondiale. Quand bien même arrêterions-nous définitivement de nous chauffer, circuler, respirer, cela ne changerait strictement rien à l’état de la planète.

De plus, et ce n’est pas anecdotique, le maire de Biarritz n’est pas élu pour sauver l’univers, mais pour gérer au mieux les intérêts et la vie quotidienne de ses concitoyens, dans le plus grand respect de notre environnement, nous sommes bien d’accord.
Non anecdotique non plus est le fait que l’assainissement ressortit désormais aux compétences de la Communauté d’Agglomération, ce qui est probablement un bien mais pas une facilité.
La nécessaire bataille écologique est donc à mener par un autre biais que la punition exagérée et imméritée de l’automobiliste biarrot ; il convient de commencer par ce qui nous est accessible et nécessaire : la préservation de la propreté des eaux du Golfe de Gascogne car, là, nous aurons une influence directe et efficace. Je fais exprès de ne pas employer le terme « eaux de baignade », car cet aspect est finalement secondaire pour l’écologie, la faune et la flore exceptionnelles du Golfe, même s’il ne l’est pas pour notre économie touristique. Il vaut mieux ne pas mélanger.

Mélanger est hélas le mot : nous polluons l’océan, en premier lieu, car nos égouts se mélangent aux eaux de pluie par un malheureux système unitaire au lieu d’être séparatif. Toute notre ville est ainsi faite. Hélas, transformer ce système représenterait des dizaines et des dizaines d’années de travaux continuels insupportables pour nous tous et des dizaines et des dizaines de millions d’euros… que personne n’a ! Ce réseau n’est pas modifiable à l’horizon d’une vie d’homme. Il faut donc contourner le problème.
La construction d’une station d’épuration fut une première action importante. Dans les années 90, celle des immenses bassins de rétention de la grande plage fut impressionnante, audacieuse et innovante. Le gain en fut réel et attesté même s’il se révèle, 25 ans après, insuffisant puisqu’ils débordent vers l’océan. Cette construction s’accompagna du prolongement à 600 m de la côte de l’émissaire de rejet des eaux épurées. Le nouveau bassin des Thermes salins est un bassin d’écrêtage aux volumes restreints : s’il est utile, il ne sera pas déterminant. Quant aux applis style InfoPlages, elles sont de plaisants gadgets qui ne font que révéler une pollution au lieu d’en traiter la cause : elles disent mais ne font rien.

Bassin de Ganay à Marseille ©Suez
J’omets volontairement d’évoquer ici le problème – considérable – du déversement d’autres sortes de déchets dans l’océan, particulièrement des matières plastiques et des rejets industriels.
Nul n’accepte désormais, et à raison, de se baigner dans une eau sale où surnagent ces boulettes de mazout qui couvraient nos pieds quand nous étions enfants et où dérivent des monceaux de morceaux de plastique entre deux eaux. Cela ne dépend pas que de nous ; c’est un sujet d’une autre dimension. En revanche, dépend de nous que l’océan ne soit pas le déversoir de nos égouts.
Le candidat aux élections municipales de 2020 qui aura l’honnêteté de présenter les choses ainsi et de proposer des solutions innovantes, pragmatiques et efficaces, palliatives de l’impossible transformation du réseau d’assainissement et dont les coûts correspondront aux possibilités financières de la Ville et de la CAPB, sera crédible.
2 commentaires sur “Penser une écologie réaliste”