Ocean Start

On prépare un fiasco ?

Malgré la torpeur estivale on ne peut passer sous silence ce dossier qui risque de passer en silence. On n’est pas certain que le terrain qui va être consacré au bâtiment soit d’une exceptionnelle qualité écologique. Faut-il le préserver ? La réponse est complexe et ne tient pas uniquement en ses qualités intrinsèques assez faibles. Il y a sa localisation, avenue de la Milady, et le contenu du projet lui-même, recherche et développement autour du biomimétisme marin.

L’emplacement

Que voulez-vous ajouter à cela qui est déjà époustouflant ?
© PhotoBruno

On ne trouve pas beaucoup d’arguments positifs pour le défendre. Ils sont tous négatifs : ici, ça ne va pas ; là, ce n’est pas possible ; ailleurs enfin, il y a d’autres projets. Ce n’est pas très encourageant. Reste donc cette langue de terre. Elle serait ailleurs, on ne s’y intéresserait même pas. Mais elle marque une césure dans l’urbanisation de la côte. Plus précisément, c’est le rond-point qui la marque. Rond-point orné de la sculpture monumentale de Manolo Valdés, La Dame de la Mer, contrepoint à l’exceptionnel bâtiment de Steven Holl. Ajouter un bâtiment remarquable, comme l’annonce le maire de Biarritz, est un non-sens. Les muséographes le savent qui n’accrochent jamais deux chefs-d’œuvre côte à côte : c’est les gâcher les deux. Le maire de Biarritz aime la Cité de l’Océan ? Qu’il laisse l’espace autour d’elle ! Espace d’autant plus important qu’il marque, je le disais, le début de la zone protégée Ilbarritz-Mouriscot. Pourtant, dans la conception, il y avait une logique intéressante au choix de ce site. Plutôt que passer en force, il eût fallu l’expliquer. Longuement. Et non resquiller à 8 mois de l’échéance électorale. Le projet vaut mieux que cela.
Et si on commence à rogner la zone protégée, même pour la meilleure raison du monde, on sait où cela commence, on ne sait où cela s’arrête. « Zone protégée, inconstructible sauf pour un bâtiment public » précise l’adjoint aux finances. Une erreur ne devient pas une bonne idée parce qu’elle est publique.

Quand un sujet comme celui-ci devient emblématique de tout un combat pour l’environnement et que se réveillent des comités endormis depuis 25 ans, surtout à Biarritz, l’histoire locale en atteste, ce n’est jamais bon signe : soit celui d’un renoncement qui aura coûté bien cher à la collectivité, soit celui d’une victoire à la Pyrrhus.

Le projet

On va se borner à deux considérations simples

1 – Adosser Ocean Start au CEEBIOS de Senlis (association Loi de 1901) qui n’est pas une réussite est-ce bien porteur ? On y annonçait « autour de 350 chercheurs, architectes et designers spécialisés », ils sont aujourd’hui 9. C’est peu. Et, sans vouloir être méchant, leur pedigree n’est pas… comment dire… à propos d’une des chercheurs : « ses travaux de thèse (…) ont porté sur la mise au point de dispositifs de diagnostic médical à bas coût, adaptés au contexte guinéen. Cette expertise dans l’innovation frugale comme vecteur de solidarité… ». Diagnostic médical, dispositifs bas coût pour Guinéens, innovation frugale… On ne comprend pas trop, là. Bon, on ne sait pas tout du biomimétisme, n’est-ce pas, cependant on doute, on doute…!
Les locaux vacants ont été affectés à une entreprise de luxe. Biomimétique probablement puisque ses sacs et ceintures sont en croco…

2 – On annonce à Ocean Start UN chercheur. On rêve. Il va devenir neurasthénique, pauvre gars, au milieu de ses 2.300 m2. C’est inhumain. Plus sérieusement : UN chercheur ça n’existe pas, dans le domaine scientifique. Un labo, une équipe de chercheurs, oui. Si c’est pour délocaliser le 10e de Senlis, est-ce bien nécessaire ?

N’est-il pas plus judicieux d’adosser un si petit format à des équipes scientifiques d’universités plus proches ? UPPA ou Bordeaux, au hasard ? Donc de contractualiser avec l’une d’elles et la région Nouvelle Aquitaine ?

En Aquitaine

Ou alors Senlis pour d’autres raisons ? Par défaut ? Le maire de Biarritz est aussi conseiller de la région Nouvelle Aquitaine, certains l’ont oublié malgré ses interventions remarquées. Il est dans l’opposition au puissant Président Rousset. Or le Conseil régional a pour principales compétences le développement économique, la formation et l’enseignement supérieur. Est-ce de bonne politique de s’opposer à celui dont on va avoir besoin pour développer un pôle économique, de formation et de recherche ? Dont on va solliciter l’aide stratégique et financière après avoir refusé de voter ses orientations stratégiques et son budget ? Il ne s’agit pas d’apprécier ou pas le président du Conseil régional ni d’adhérer ou pas à ses idées. Il est de notoriété publique, en plus, que ledit président n’a guère de considération pour le maire de Biarritz. Il s’agit d’être diplomate, d’avoir un peu de doigté et de bon sens pour faire avancer les (bons) dossiers de Biarritz.

L’avenir

Robot abeille – © Havard University

Et pourtant, chacun sait désormais qu’une grande part de l’avenir de la Terre se joue dans ses océans. La recherche scientifique et technologique, de nouvelles entreprises et industries, les politiques publiques, les centres d’intérêt des populations vont se concentrer sur eux. Dire qu’Ocean Start va redonner du sens à la Cité de l’Océan, même si c’était maladroit, n’est pas un aveu de son échec passé. C’est dire, quitte à en réorienter objectifs et contenus, que Biarritz avait vu 10 ans plus tôt qu’ailleurs, où était l’essentiel. Ce serait d’ailleurs revenir à son ambition première, scientifique. Même l’adjoint à l’environnement, dans un article un peu tarabiscoté qui ne dit pas un non franc et massif à l’implantation avenue de la Milady, en a convenu hier.

Dès lors, quand on disait à l’instant universités de Pau ou Bordeaux, peut-être manquions-nous d’ambition ? Pour Ocean Start il faut des collaborations scientifiques internationales avec des labos, des universités, des chercheurs, des entreprises, qui ont déjà fait leurs preuves dans des domaines analogues pour lesquelles le projet biarrot serait un superbe partenaire. Nul n’a encore cité le Wyss Institut de l’université de Harvard, à la pointe de la recherche et de l’innovation mondiales en matière de biomimétisme, qui bénéficie déjà de collaborations avec des universités allemandes et suisses et avec un centre de recherche médicale en Israël. Pourquoi ? Trop loin ? Trop ambitieux ? Et le ministère de la transition écologique et solidaire ? Et l’Union européenne ?

Ce ne doit pas être un fiasco !

On n’est pas dans les petits papiers du maire ni de ses adjoints donc on ne sait ce qui préside à tant de maladresses dans la mise en place d’un projet qui devrait faire l’unanimité sur les bancs du conseil municipal, à l’agglomération et dans la population. La majorité, une fois de plus, va se fracturer sur un dossier essentiel ; l’agglo ne lui a pas ouvert grand les portes de ses terrains ou technopoles et d’ailleurs se fiche de sa localisation ; l’enquête publique en catimini, expédiée en vitesse en milieu de juillet, est un simulacre de démocratie et de légalité. Les universités, laboratoires et entreprises en sont absents de manière inquiétante. Quel gâchis !

Et pourtant, l’océan est l’avenir de Biarritz, comme il le fut toujours. Il sera au cœur des prochains projets municipaux et ce sera bon.
Alors, avec, sans et même malgré l’actuel maire de Biarritz, Ocean Start doit se créer, prospérer et devra avoir pour lui-même, pour Biarritz et notre région, les plus grandes ambitions.

Pour en savoir plus
sur le
CEEBIOS
sur le
Wyss Institut
la page Facebook du Comité de Défense Ilbarritz-Mouriscot
et un peu d’histoire des combats écologiques locaux,
De l’eau, de la Terre et du Vent

2 commentaires sur “Ocean Start

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