Une rentrée bien scolaire – 2

Qu’on nous comprenne bien. On n’a aucune envie de dézinguer à tout va. La campagne électorale est finie. Même durant celle-là avait-on commis quelques articles hors de toute polémique, offrant des idées à qui voudrait s’en emparer. Ce qu’il faut désormais, c’est avancer, mais avancer les yeux ouverts.

Le maire est évidemment la personne la plus exposée. C’est en même temps le risque qu’elle1 court et son souhait. Elle sait qu’elle sera jugée en premier, sur l’apparence qu’elle donne de tenir ou non sa fonction puis sur ses réalisations. Jusqu’à présent, on n’a eu que l’apparence et les mots à se mettre sous la dent. 

Du fond, on a juste eu ceci ; on avait promis d’y revenir :

On n’avait pas mis dans notre programme

On soulignait la semaine dernière l’incongruité de ces considérations sur l’auberge de jeunesse, « investissements sur lesquels nous ne nous [étions] pas engagés ». Elles sont affligeantes à plus d’un titre. Nous n’allons tout de même pas passer six ans à entendre en permanence la référence au programme électoral ! S’il constitue un engagement à faire, il n’entraîne pas un refus de faire. D’autant que, manifestement, le problème était ancien et que l’exécutif municipal n’a pas été pris de court. Tant d’événements vont advenir qui n’étaient même envisagés et qu’il faudra bien affronter. Ce « ça n’était pas prévu donc nous ne faisons pas »  est intenable. Ensuite, le fait de passer ainsi l’auberge de jeunesse par pertes et profits : une auberge de jeunesse, pardon de ce truisme, est faite pour accueillir… des jeunes. Qu’est le tourisme, qu’est l’avenir d’une ville comme la nôtre si on n’y attire pas des jeunes ? La clientèle de ce genre d’équipement n’a jamais été des hordes de black blocks furieux dévastant le centre-ville en dévalisant le bourgeois. La dernière chose étant que Madame le Maire se trouva fort dépourvue quand cette bise fut venue au conseil municipal, semblant considérer l’affaire comme une poule qui aurait trouvé un cure-dent. 

On ne va pas faire la revue de détail des membres du conseil. L’exercice serait un peu vain, finalement assez fastidieux et on tomberait vite dans la caricature. Avouons-le : il y a parfois quelque jubilation à savourer les travers des uns et des autres et à regarder par le petit bout de la lorgnette. Soyons patients et laissons-leur du temps : ils sont néophytes et font, pour la plupart, leurs premiers pas dans une assemblée élue. La prise de parole en public est parfois difficile. On va juste les engager à lâcher leur texte, à lever les yeux et à parler naturellement, ils n’en seront que mieux compris. A leur décharge aussi, le fait que la nouvelle salle de conseil, heureusement éphémère, ne prête ni à la facilité ni à la simplicité. Chaque médaille ayant son revers, au moins ne voit-on plus de conseiller municipal arriver en bermuda et tongs. On s’attache à de curieux détails ? La cravate n’est plus de mise ? Soit. Mais qu’au moins on ait le respect de ses électeurs et du sérieux de la fonction.

La nouvelle majorité

Bisque Bisque Basque a relaté par le menu l’éclatement de la liste Barucq. Le pauvre docteur paye le prix fort de sa naïveté et de sa désinvolture : le résultat d’une triple trahison. Son/sa numéro deux, après avoir trahi son camp – rappelons tout de même qu’elle est ou fut la représentante locale du micro-parti de Monsieur Retailleau, éminent patron des sénateurs LR – l’a trahi à son tour. Trahison enfin de ses électeurs qui l’ont envoyée défendre une cause et non la renier. Ses dénégations n’y feront rien : quand on vote tous les rapports de la majorité, on en est. La seule vraie question lui fut posée directement par Madame Motsch : « Pardon de le dire, Madame, mais d’où tirez-vous votre légitimité politique ? » De nulle part ! Quand sa liste fait 16,22 % au premier tour, le Docteur Barucq fait 16 % sur sa tête et Madame Martineau 0,22.

D’où tirez-vous votre légitimité ?

Finesse tout sourire

Non, là où des choses se passent tout en délicatesse, c’est à l’autre bout de l’échiquier.

Madame Brao est déjà bien à l’aise dans son rôle : le sourire est charmeur, le regard aimable, les questions pertinentes. Madame Brao a travaillé les dossiers et cela se voit. Elle s’exprime clairement, posément et sans effets oratoires ; elle va droit au but sans lâcher ses objectifs, chaque intervention étant dans le droit fil des convictions qu’elle exposa pendant la campagne. C’est probablement en elle que se tient l’opposition la plus structurée dans cette assemblée. Bientôt la plus mordante ?

Pour finir, on veut revenir sur ce qui constituait le cœur de notre article de la semaine dernière : l’importance de l’entourage du maire. Comme pour ses interventions médiatiques de la campagne – le direct est traître – on l’a souvent vue embarrassée. La venue très rapide d’un cabinet était nécessaire. On ne se prononce pas sur sa qualité, on ne connaît pas les personnes. Si elles permettent à Biarritz d’être intelligemment gouvernée pendant six ans, alors tant mieux. On regrettera quand même qu’une fois de plus, on soit gouverné par des technocrates, quelles que soient leurs qualités, et non par ceux que nous avons élus. Et qu’ainsi, une fois de plus, la démocratie en prenne un sacré coup.

1 Il est bien difficile de tenir un genre grammatical quand on dit, comme elle en a émis elle-même et avec raison, le souhait, Madame le Maire. Je tranche dans le vif et fais le choix du féminin même pour accorder avec “le maire”, sinon cela deviendra vite tarabiscoté et incompréhensible.

3 commentaires sur “Une rentrée bien scolaire – 2

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