La PMA et sa suite

La cause était entendue depuis le début. La PMA pour tous entrerait dans le Droit français. 

Les lobbies ont fait le job. Lentement, progressivement, mais avec l’assurance de ceux qui connaissent leurs buts et savent comment les atteindre, avec patience, méthode et détermination.

Un lobby féministe fit évoluer la loi Veil de 1975 sur la dépénalisation de l’avortement. Il faudrait reprendre toutes ses progressions depuis 45 ans. De dépénalisation, on est passé à droit, ce qui n’est déjà plus la même chose, et désormais, les militant(e)s post-féministes voient en l’avortement un droit fondamental en toute circonstance et quel qu’en soit le motif. Il en va de la Liberté fondamentale de la femme de disposer de son corps. Juridiquement et philosophiquement, l’acte n’est plus le même. La preuve en est que, quand la loi de 1975 accordait aux médecins une clause de conscience spécifique à l’IVG, celle-ci est désormais contestée. Y compris la clause de conscience générale en ce qu’elle permettrait de contourner la suppression de la clause de conscience liée à l’IVG. Contrairement à tout ce qui a bâti le Droit, jusqu’à nos temps post-modernes, désormais la volonté individuelle s’impose à tous.

De la loi sur la bioéthique votée mardi par le Parlement, on ne retient que le droit à la PMA pour tous. Plus exactement, pour toutes. Progressivement s’est immiscé dans les idées le droit de toutes à avoir un enfant (pas encore de tous, mais la justice européenne l’imposera très bientôt au Droit français). Ce qui était jadis une conséquence naturelle du couple que, malheureusement, la nature lui refuse encore parfois, devient via la PMA, un droit : j’ai le droit d’avoir un enfant parce que je le veux ; la société me le doit donc. La PMA – dont le M central signifie médicalement et renvoie donc à l’essence même de la médecine et de son exercice – pour les couples stériles a donc été déviée de son objectif initial qui avait déjà été l’objet de réflexions  philosophiques. De la même manière que pour les lois successives sur l’IVG, la volonté individuelle s’impose à tous comme Liberté fondamentale.

Je disais à l’instant que la GPA serait imposée au Droit français par la justice européenne. Au premier recours, qui ne tardera pas, d’un homme ou d’un couple d’hommes devant une juridiction européenne, cette dernière, constatant la rupture d’égalité entre hommes et femmes auxquelles le droit d’avoir un enfant est donné, imposera au Droit français d’offrir la même possibilité aux hommes. Ainsi la République française devra-t-elle autoriser la GPA pour tous en ayant soigneusement évité un débat qui eût pourtant été légitime. Qu’on la juge opportune ou pas, la Gestation pour Autrui est une révolution dans la conception que nous avions de donner la vie, de naître, de l’Être humain et du sens de la vie. On refait la morale sans se poser la nécessaire question de la généalogie de la morale comme le fit Nietzsche en son temps.

Dans une société de plus en plus socialisée, le social, c’est à dire ce qui est pensé pour le bien collectif, est supplanté par le sociétal, c’est à dire ce qui est souhaité par l’individu. De socialiste, notre société a glissé vers l’ultra-individualisme (ma volonté prime tout), tout en se réclamant toujours du socialisme. On n’en est certes pas à un paradoxe près, mais celui-là est de taille : il nous fait entrer dans une civilisation nouvelle.

À suivre…

3 commentaires sur “La PMA et sa suite

  1. Je te suis complètement sans ces réflexions !!! Suis de plus en plus effarée du monde dans lequel nous vivons et que nous allons laisser à nos jeunes !!!!!!!! Amicalement Suzy

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