Stade français
Aux forceps, mais seule la victoire est belle. 17 à 14 grâce à un essai de dernière minute de Soury, acclamé, scandé par les tribunes biarrotes. De joker il est passé atout maître.
Bon, pour tout dire, il fallut une bonne dose de courage pour venir se prendre un vent glacial en pleine figure et donc la pluie et donc la grêle. Au lieu de souffler de l’ouest, il avait décidé, ce facétieux zéf, de souffler du nord. On a même senti un ballon siffler à nos oreilles, mais bon… le vent seul n’en était pas à l’origine. Entre deux averses, les joueurs n’ont pas démérité, sachant ne pas trop perdre un ballon transformé en savonnette. Les biarrots nous ont offert trente minutes de jeu intense, avançant, avançant jusqu’à l’essai. On a vu plusieurs mauls bien progresser mais sans pouvoir atteindre la ligne, les parisiens faisaient, au moins, jeu égal avec les BOy’s. En revanche, nette supériorité des locaux en touche qui chaque fois leur donnait l’occasion de repartir au combat.
Trente minutes intenses. Et puis… Un gros ange est passé. Les trente joueurs semblaient attendre la mi-temps. À la reprise, longue période d’attente, marquée par une série de renvois au pied qui attira même quelques sifflets. Plus d’impatience que de véritable fâcherie car le public de la tribune Blanco ne se laisse pas facilement démoraliser. Et après une frayeur stimulante, vint l’essai libérateur de Soury. C’était gagné. Bravo.
Stade d’Aguilera

On peste quand même en arrivant au stade en voyant distribuée une grande feuille dévoilant des courriers qui ne devraient pas sortir du secret des correspondances et, surtout, auxquels nul ne comprend rien. Le match a lieu le 27 et on nous met sous les yeux des courriers du 26 ! Qu’imagine le président du BO ? Que la tribune ouest aurait pu sortir de terre en une nuit ? D’ailleurs les réactions sur place étaient plutôt de satisfaction, « ah bon alors, tout va bien », à la lecture de la dernière phrase de Madame le Maire de Biarritz « Je vous confirme que vous pouvez engager les études afin que les travaux nécessaires puissent démarrer à la fin de la saison 2022 ». Que demande le peuple ? Rien de plus. Ah si : que le BOPB fasse le job !
Le peuple, oui, mais pas le Président du BOPB.
Car Monsieur Aldigé exige des garanties que la Ville ne peut évidemment pas donner. D’abord, il y a un flou artistique sur le coût. Annoncé à 30 millions, il serait à « environ 35 millions selon des documents de GL Events », consultés par Laurent Zègre1. D’autres, bien placés, évoquent plus de 40. Il faudrait être fixé, ce n’est pas la même chose ! On a la nette impression que Monsieur Aldigé méconnaît totalement et la Ville de Biarritz, et le fonctionnement d’une collectivité publique. Pense-t-il vraiment sérieusement qu’un maire peut s’engager ainsi, du jour au lendemain pour une somme pareille ? Quinze millions ? D’ailleurs, il reconnaît que non, peut-être involontairement, en affirmant que « [leurs] accords prévoient une participation deS collectivitéS publiqueS de 15 millions ». Pluriel révélateur. Donc, pas de la Ville seule ! Comment la Ville pourrait-elle s’engager sans avoir au préalable l’accord des collectivités partenaires ? Au premier rang desquelles, on l’espère fermement, la Communauté d’Agglomération : son président, et accessoirement maire de Bayonne, avait su répondre présent à l’appel de l’Aviron bayonnais. Tant mieux. On n’oublie pas non plus le Département et la Région qui devraient participer au tour de table.

Enfin, 15 millions ! Si le président de la société privée SASP BOPB peut les engager sur sa seule signature, tant mieux. Mais pas l’exécutif d’une collectivité publique. La démocratie a ses règles parmi lesquelles le vote. Et sans inscription de ladite somme à un budget, en dépense et en recettes (les subventions) puis vote du Conseil municipal, l’engagement écrit d’un maire serait pure folie. Tiédeur de Madame le Maire ? Va pas falloir trop la chauffer non plus. Elle ou un autre, ce serait pareil.
On comprend le Président du BOPB qui doit en avoir marre d’attendre, marre de voir son stade vieillir, marre de voir la villa rose en sale état, marre d’espérer un centre de formation digne de ce nom. On n’a qu’une envie, c’est qu’il réussisse et que d’ici quelques années, nous soyons fiers et heureux d’infrastructures dignes de l’équipe, des supporters et de Biarritz. La municipalité précédente par ses coups de tête inconséquents, n’a pas facilité le travail de l’actuelle. Qui se réveille un peu tard ? Peut-être. On ne gère pas une collectivité publique, et donc l’argent des biarrots, comme on gère sa propre entreprise. Si tant est que le président du BOPB dispose à son gré du fonds Gavekal, ce dont on se permet de douter un peu.

Il faut un temps pour tout. Pour pousser à accélérer. Pour mettre la pression si besoin. Voire utiliser l’opinion publique ; ça fait partie du jeu. Mais quand l’horizon s’éclaircit, il faut passer à autre chose : discuter, négocier, progresser vers l’objectif avec détermination. Car l’objectif n’est pas d’emm… Madame le Maire (qui est encore là pour au moins quatre ans, elle), mais d’avoir un stade digne de ce nom et de ses ambitions. Et nul doute que l’ambition de Monsieur Aldigé est de présider un grand club. On le lui souhaite sincèrement. Car on a envie, nous aussi, d’un grand club.
Le BO est passé en Top 14 sur un formidable coup de poker. Son président a su forger une belle équipe et fédérer autour de lui de solides et enthousiastes groupes de supporters et un nouveau public. On n’avait pas vu Aguilera s’enflammer autant depuis de nombreuses saisons. On sort des matchs heureux. Mais on en a marre, nous aussi, que le président se soit mis à dos tout le monde, la presse, les élus d’ici, du nord, du sud ; marre que le petit monde du rugby français parle de nous en se gaussant de nos burlesqueries. Et on n’a aucune envie que le Président du BOPB nous pourrisse la vie, la joie du spectacle, du sport et de la victoire dès la montée des escaliers, avec des manigances qui ne sont pas les nôtres.
Monsieur Aldigé,
Nous sommes comme vous : ce qu’on aime, c’est le rugby !
1 Sud-Ouest du jeudi 25 novembre 2021, p. 33, article consultable avec ce lien
N.B. : les photos sont piquées (sans son accord) à la collection personnelle de Monsieur Max Brisson
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