Les millions perdus de la Côte des Basques

La Côte des Basques en 1870

Jamais un maire de Biarritz n’avait délaissé le dossier tellement sensible de la Côte des Basques. Depuis un siècle, il était au cœur des politiques publiques de la Ville : comment conserver ce promontoire sublime sur le Golfe de Biscaye ? Il y eut même dans les années 1970 un projet de marina qui défiait à la fois la technique et la raison, l’immeuble Sunset en témoigne. Depuis 1983, jamais la volonté de Bernard Marie de les sauver à tout prix, au sens propre du terme, de sauver l’urbanisation qui les surplombe, du square Jean-Baptiste de La Salle à la « Colonie de la Dordogne » puis à la plage de Marbella, et les nombreuses maisons dont les ruines seraient aujourd’hui dans le sable, jamais cette volonté ne fut émoussée. L’existence-même de quartiers entiers, aujourd’hui encore plus urbanisés que naguère, en dépend.

Premiers effondrements après les « premières tranches » de travaux de confortement

Au lendemain d’un conseil municipal où ont été créées d’inutiles polémiques sur une futile bande de terrain de 33 m2 dans un jardin jamais ouvert, nous est presque insidieusement faite l’annonce de l’arrêt des très importants travaux de confortement de la Côte des Basques1. Combien de bandes de terrain de 33 m2 seront bientôt irrémédiablement perdues ?

Madame le Maire de Biarritz envoie son adjoint aux travaux à Canossa, s’agenouiller devant la presse et ses lecteurs biarrots pour faire la triste annonce. L’émérite Monsieur Laborde n’est pour rien dans cette affaire : ce n’est pas une question de travaux, mais de financements. Peut-être l’adjoint aux finances eût-il pu, logiquement, en prendre la responsabilité ? Mais, surtout, surtout, il incombait à Madame le Maire elle-même de se charger du dossier et d’en annoncer le piteux dénouement.

1949

« La première tranche des travaux » est financée, explique Monsieur Laborde. Mais où Madame le Maire a-t-elle vécu, toutes ces années, pour imaginer ça ? Avec des pauses, ces travaux ne cessent pas depuis 1983 ! Ce n’est pas la première, c’est la première de la suite de l’innombrable série qui a précédé. Comment Madame le Maire peut-elle imaginer un instant que nous allons gober une telle énormité ? Qu’elle passera sans réaction aucune ?

Si les financements européens FEDER existaient bien à l’époque, rien n’existait pour ce genre de travaux dans les budgets de l’État sans lequel l’Europe n’intervient pas. Aucune ligne budgétaire pour conforter des falaises menaçant de s’écrouler. Les deux maires successifs, Bernard Marie et Monsieur Borotra, que l’on ne peut suspecter de franche camaraderie, ont suivi la même ligne par nul depuis contestée. Ils ont dû battre le fer dans les ministères pour arracher des subventions. S’il y a un consensus biarrot, ils sont rares, c’est sur ce sujet de la préservation urgente de ce lieu unique.

La politique n’est pas aller inaugurer les petites fleurs ou les demi-pistes cyclables. La politique, ce n’est pas se faire élire dans l’opposition au Président de Région et ne pas voter son budget pour ensuite quémander des subventions qu’évidemment, il ne fera guère d’effort pour accorder : « je repousse votre budget, mais inscrivez-y mes falaises ». On imagine sa réaction !
Madame le Maire de Biarritz,
la politique, la vraie, la noble, la seule qui vaille ce poste qui devrait vous faire honneur, la politique, c’est ça : aller chercher des financements qui n’existent pas, avec les dents s’il le faut, pour préserver Biarritz de sa naturelle soumission aux éléments.

1 Sud-Ouest, édition Pays basque du jeudi 13 octobre, p. 13

Par courtoisie et avant publication, cet article a été transmis à Madame le Maire qui nous envoie ces remarques :
« Nous avons été chercher près de 20 millions d’euros de financement pour finir les travaux du Palais non-financés et le Président Rousset est le SEUL à nous avoir aider.
Il n’est pas question de stopper les travaux de consolidation des falaises, mais d’en régler le rythme en fonction des nouveaux financements.
La participation au congrès de l’Anel nous permet avec d’autres collègues d’aller à la recherche de financements et d’exiger le soutien de l’Etat qui nous abandonne chaque fois un peu plus. »

À suivre…

1976 – Les éboulements et les 4 superbes villas en ruine aujourd’hui disparues
1988 – Les travaux des nouveaux lacets

8 commentaires sur “Les millions perdus de la Côte des Basques

  1. Je pense que nous aurions pu proposer d’installer le Centre de Biomimétisme en contrefort des falaises comme l’immeuble Sunset. Face à l’océan, sa place en ce lieu est toute indiquée. Cela permettrait au moins de continuer les travaux restant à faire. Il y eu des oppositions pour ce Centre à l’endroit où il devait s’ériger, il y eu des contre-propositions ubuesques d’implantation, où en sont- elles ? Y-avait-il une réelle opposition à Veunac, ou était-ce simplement pour l’abattre ?

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      1. Je pense la contraire. L’étude sur le mimétisme se développe un peu partout dans le monde car il est compris comme pouvant nous donner les clés du futur dans beaucoup d’applications. C’est en observant la nature et plus particulièrement les animaux que nous apprenons quantité de choses
        matérielles qui nous échappent. C’était une grande chance d’avancer les pions sur Biarritz …

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      2. Le Centre de Senlis est un mauvais exemple, situé dans l’Oise près de Chantilly, il est trop éloigné de la matière dont il a besoin pour travailler. J’étais à la réunion de présentation du projet par Veunac dans une petite salle du Bellevue (si je me rappelle bien). Il y avait pas mal de chaises libres, la majeur partie du public était constitué par des voisins au projet et des candidats au poste de maire.
        Malgré cela la Presse a rapporté que les biarrots étaient opposés au projet, ce qui n’est pas exact. Les candidat à la future magistrature n’étaient pas opposés au centre lui-même, mais proposaient plutôt des lieux de substitution. Le Maire actuel avait un autre immeuble construit pour son installation. C’est dommage car cela enlève à notre Cité une notoriété au plan européen et international dans ce domaine de recherche. Les voisins au projet pensaient plutôt que cela nuirait à leur patrimoine. Ils risquent de se réveiller un jour avec un autre projet beaucoup plus rebutant : une station d’épuration. Tout le monde se rejoint pour constater que pendant la période estivale, la station actuelle n’a pas la capacité nécessaire pour absorber les rejets. Un ami, spécialiste dans ce domaine et ayant travaillé à la mairie de Bayonne et au Département, pense que le lieu qui avait été projeté pour le Centre de mimétisme est l’endroit le plus bs de Biarritz et est idéal pour y implanté la station d’épuration faisant défaut à la ville de Biarritz. On verra s’il avait raison dans un futur proche car cette station est devenue une nécessité.

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  2. En politique on ne renonce jamais complètement à un projet aussi nécessaire que celui-ci . On le transforme ou on en propose un autre. L’intérêt du mandat précédent c’est que les projets allaient de l’avant avec une vision moins clientéliste. Enfin les élus font ce qu’ils peuvent tout en ménageant leur ego ,mais si on avait fait passer le mandat unique même si on le rallongeait un peu , l’intérêt général passerait devant l’intérêt particulier.

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    1. Sauf à démontrer au Juge administratif que le projet présenté portait préjudice en occultant la vue sur le Golf et l’Océan par exemple ! Beaucoup de tribunaux sont sensibles à ce moyen. L’intérêt général peut être satisfait en déplaçant le projet, mais si l’emplacement n’a pas de lieu de substitution en raison de son implantation, le Juge validera le projet de station d’épuration à cet endroit.

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