SH7

Comme toutes les églises de Florence, San Lorenzo fut ornée au fil du temps de nombreuses œuvres d’art à la gloire de leurs commanditaires, les puissantes familles de la Cité au premier rang desquelles les Médicis. Pour en augmenter encore la splendeur, elle fut transformée et agrandie. Le plan actuel est œuvre de Brunelleschi, excusez du peu.

Ainsi San Lorenzo abrite-t-elle deux chaires dues à Donatello, une annonciation de Lippi, d’autres œuvres encore de Verrochio et, bien entendu, de Michel-Ange.
Celui-ci a conçu les tombeaux jumeaux qui se font face de Lorenzo de’ Medici, Laurent le Magnifique, et de son frère Julien.

Le problème est tombé sur le tombeau de Julien. Peu à peu, le marbre blanc de Carrare s’est assombri et de vilaines tâches brunes sont apparues. Tout a été essayé, rien n’y a fait, le marbre est resté de marbre et n’a pas voulu reprendre sa teinte de marbre blanc. Les restaurateurs désespéraient, mais continuaient à se remuer les méninges.

Les bactéries sont généralement les ennemies de l’art. Mais les scientifiques ont du flair. Il faut dire que leurs analyses et examens minutieux les ont conduits à un constat étonnant : les tâches brunes viennent de résidus organiques. Un corps aura été inhumé un peu hâtivement, sans les précautions nécessaires, et aura laissé échapper des fluides qui maculent le marbre. Ces salissures tenaces résistent depuis quatre siècles !

C’est là qu’entre en jeu notre SH7, alias bactérie Serratia ficaria SH7, qui d’ennemie devient la meilleure amie des feu Julien de Médicis, Michel-Ange et restaurateurs réunis. C’est une dévoreuse d’homme, cette coquine (de ses résidus, soyons précis), nettoyeuse de calcaire (le marbre en est un dérivé) et de surcroît régénératrice.

On met donc notre SH7 en gel, on l’étale soigneusement sur le marbre et on la laisse tranquille pour deux jours de festin.
Et deux jours après, on ôte les bâches : miracle !