Aguilera : une méthode

Construire des logements à Aguilera, pourquoi pas ? Biarritz en manque et le lieu s’y prête. Mais on ne peut se satisfaire de ce seul objectif annoncé a priori.
Consulter les uns et les autres, finalement bien peu, est certes une bonne chose, mais n’est pas suffisant à l’élaboration de ce qui deviendra un vrai quartier. Et un quartier qui aura une spécificité unique, celle de se trouver sur un plateau aujourd’hui exclusivement dédié au sport.

Son autre particularité est qu’il sera bordé d’une « voie urbaine », le BAB, autrement dit une quatre voies quasiment infranchissable, même si un aménagement est en cours. Cela dit, que le lieu soit promu parking annexe de la polyclinique ne facilitera pas le travail. Ce petit exemple est la démonstration que la courte vue peut aggraver des situations et que seule doit prévaloir une vision à long terme.

Photo ©Atlantic Drones/Ville de Biarritz

I – DES ÉTAPES INCONTOURNABLES

  1. Tenir compte de l’existant
    Le plus important sera les relations entre la vocation sportive et les logements de manière à ne pas créer une juxtaposition, mais un seul et même quartier où activités sportives et vie quotidienne seront étroitement liés.
    Il faut aussi affecter à chaque espace une destination précise : le terrain Bendern ne peut pas être une variable d’ajustement, un coup je construis, un coup je le garde : quelle est son utilité, sa nécessité aujourd’hui ? Et planifier en fonction de la réponse.
  2. La conception
    Imaginer et concevoir un quartier de manière à maximiser son attrait et minimiser son impact négatif sur l’environnement naturel et écologique, l’environnement et le cadre de vie des habitants voisins. Les maisons et leurs habitants de la rue Mohernando et de l’impasse du Mont-Orient, coincées entre le parc des sports, la route et ce nouveau quartier, doivent être inclus dans la conception initiale de l’ensemble, minimisant ainsi les inévitables désagréments de démarrage. Il faudra aussi tenir compte des nuisances du BAB sur le confort et le repos des habitants.
  3. La planification
    Des études d’efficacité sont nécessaires pour un développement urbain harmonieux, en termes d’accès aux services publics, de circulation interne et mobilité externe. Ce quartier excentré et quasiment isolé doit voir naître vite une vie sociale. Le concept de « Ville du quart d’heure » est une saine base de travail, à savoir que tout service qu’il soit public ou privé, de soin, de commerce ou autre, sera situé à un maximum d’un quart d’heure du lieu de vie.
  4. L’étude des besoins
    D’abord en matière de sports : le BOPB, les tennis, le rugby amateur, l’USB etc. Puis en matière de logements dont on ne peut décréter ex nihilo le nombre, mais aussi de favorisation des mobilités douces, de commerces et de services. Les transports en commun seront adaptés : les bus réguliers pour rejoindre les villes voisines ou la gare, par exemple ; les navettes vers le centre ville, plages, cinémas et autres lieux d’animation, particulièrement pour les adolescents. Et puisque ce Nouvel Aguilera abritera des familles, les transports en commun vers les établissements scolaires, écoles et collège Rostand en premier lieu

Une erreur rédhibitoire serait de se contenter de placer des logements dans des endroits libres uniquement par opportunité géographique. Il faut créer une unité de vie autonome qui s’insérera progressivement à la vie de la ville entière. En d’autres termes, surtout ne pas en faire un quartier dortoir.

II – UN QUARTIER INNOVANT

C’est aujourd’hui incontournable. Ce sont à la fois des contraintes nouvelles et de formidables occasions à saisir. Il faut tenir compte des tendances du développement urbain. Un défi.

  1. La durabilité et l’écologie
    Le Nouvel Aguilera doit être conçu pour être durable et respectueux de l’environnement avec des technologies telles que l’efficacité énergétique, l’utilisation de l’énergie renouvelable etc. Il sera en particulier conçu pour minimiser le recours aux énergies fossiles et diviser drastiquement les émissions de gaz à effet de serre. L’autonomie énergétique sera l’objectif ; qu’il soit réalisé en grande partie sera une réussite.
    C’est tellement évident qu’on hésite à le préciser : la végétalisation arborée de l’ensemble des espaces publics sera importante et, ce sera au programmiste d’imaginer comment, devra faire la jonction entre le bois du Mont Orient aménagé à cet effet et les autres espaces publics, jusqu’à la plaine des sports.
    Que dire de l’imminente création d’un parcours de santé dans ce bois alors qu’on ne sait encore ce que devra être son usage futur ? Ne met-on la charrue avant les bœufs ?
  2. La mobilité
    Le Nouvel Aguilera devra évidemment être accessible et offrir des options de transport alternatives telles que la marche, le vélo, des points de recharge de voitures électriques, de nombreux garages à deux roues sécurisés etc.
  3. Des espaces communs
    Les futurs résidents devront trouver des espaces communs pour la détente, le sport (d’où la nécessité de penser la relation à l’ensemble de la « plaine des sports »), la promenade, les parcs (d’où la nécessité de repenser – mais pas à l’avance ! le Bois de Mont Orient et de lui donner des accès), les espaces extérieurs de rencontre aux beaux jours.
  4. La mixité
    On l’a déjà dit, mais c’est une condition absolument nécessaire, le Nouvel Aguilera devra être un modèle de mixité : fonctionnelle, générationnelle et sociale. On y trouvera des espaces de travail, un petit centre commercial, une supérette, un portail de services pour faciliter la vie des nouveaux habitants.
    Les logements devront eux aussi être mixtes, de petites à grandes surfaces, pour grandes familles comme monoparentales, pour budgets moyens comme revenus faibles, y compris des logements collectifs pour personnes handicapées, sans que cette liste soit exhaustive ; on pense en particulier au logement de travailleurs saisonniers, aux étudiants et aux jeunes sportifs en formation et en stage.

III – LA RÉALISATION

Inévitablement, la réalisation doit passer par le lancement d’un grand concours, non pas uniquement d’architectes, mais de groupements de programmistes, urbanistes et architectes, débouchant sur une procédure de dialogue compétitif, procédure complexe mais souple prévue et encadrée par la loi, particulièrement adaptée à ce projet.

C’est au résultat de ces procédures et non avant, que seront décidés :

  1. l’aménagement des multiples usages sportifs (tennis, rugby amateur et professionnel, USB etc.), actuels ou nouveaux,
  2. le nombre de logements possible,
  3. la nécessité de bureaux,
  4. le choix des services (Restaurant ? Crèche ? Résidence séniors ?),
  5. le nombre de bâtiments et parkings
    et, in fine,
  6. le nombre d’étages des bâtiments et les choix architecturaux et esthétiques.

Ce dernier point semble le plus important car il sera le résultat visible et immédiatement jugé. Qui plus est en entrée de ville au sortir du nouveau quartier Larochefoucauld d’Anglet. L’effet « wouahou » sera indispensable. Mais dans la conception et la réalisation de l’ensemble, il doit venir en dernier et jamais, jamais, n’être un préalable.

IV – UNE REDIRECTION POSSIBLE

Pour la réussite d’un tel quartier, l’échange constructif entre la Ville, les développeurs immobiliers, les architectes, les habitants et tous les usagers du plateau sportif est une absolue nécessité afin de s’assurer que les besoins de toutes les parties concernées seront pris en compte.

  1. Quel avenir pour Aguilera ? aurait dû être la question posée à la population avant la décision des logements. Après tout, cet espace ne fut dédié jusqu’à aujourd’hui qu’au sport et la population, « les Biarrots », sont peut-être attachés à cette vocation.
    Le logement est un leitmotiv de cette majorité comme de la précédente qui répond à une question qui ne fut jamais posée.

Cette étape initiale a été manquée et semble irrattrapable.

  1. Le principal occupant du site, le BOPB, l’équipe professionnelle de rugby, ne participe pas au projet. La SASP BOPB ne peut être éludée, sous quelque prétexte que ce soit. Hélas, dans tout ce que nous avons pu lire ou entendre, elle est absente. Un quartier entier est pensé sans son principal occupant ! Qui a dit quoi au sujet de qui n’a aucune importance, le résultat seul compte et il est dramatique. L’aberrant projet de centre de formation au Polo, à l’hippodrome des fleurs, en est la conséquence. Refuser de se parler et monter des coups finira par avoir de redoutables conséquences sur les finances publiques.
  1. On conçoit aussi un quartier dans son environnement urbain. Jamais on n’a entendu parler du BAB et de la manière dont seront traités ses accès. Pire : on voit même aujourd’hui le parking du stade, déjà dans un état pitoyable, devenir un parking annexe de la polyclinique. Cautère sur jambe de bois. Que deviendront les véhicules des usagers et personnels de la polyclinique quand commenceront des travaux ?
    Et ensuite ? Que deviendra ce parking, d’ailleurs ? Disparu ? Pfffuit… Plus de parking pour véhicules lors de grands événements sportifs, de rugby comme de tennis ? Qu’on ne vienne pas nous répondre transports en commun : quiconque a déjà mis les pieds au stade sait qu’ils sont totalement insuffisants pour ces grands événements et que la voiture est encore le principal moyen d’acheminement. Hélas ? Probablement. Mais il faut faire avec l’existant et non contre lui.
  1. Le logement n’est quasiment évoqué que sous l’angle du logement social. C’est un bien, mais insuffisant car il manque à Biarritz du logement tout court. Pas uniquement social. Et du logement de qualité. La quantité ne suffira pas. De qualité et abordable : que, même privé, il se situe hors du champ spéculatif.

Pour finir, il faut tordre le cou à une expression qui a fait florès, et pas uniquement dans l’actuelle majorité, c’est cette formulation d’une grande démagogie : « du logement pour les Biarrots ». L’origine des demandeurs n’est qu’un critère parmi d’autres, non déterminant pour les commissions d’attribution. Quant au logement en libre accès, un vendeur privé ne vous demande pas votre acte de naissance !
Qu’on construise des logements ? Pour qui y a droit ou pour qui le souhaite.
Alors oui, quand ils seront installés, ils seront biarrots.

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5 commentaires sur “Aguilera : une méthode

  1. Absurde. Que l’on s’occupe d’abord de l’activité spotive de plateau d’Aguilera qui en est le principal enjeu avant d’imaginer ce qui pourrait y avoir autour du projet. Faire de l’urbanisation à gande échelle est prétentieux et non crédible. L’urbanisation et les infrastructures viendront après sur des terrains didponibles s’il en reste. Ma proposition de construire un grand parking au dessus du BAB au droit de la clinique d’Aguilera n’a pas fait des émules. Les véhicules circuleront sous le parking sous un sorte de tunnel. Ce parking acceuillerait les utilisateurs de la clinique et les spectateurs des rencontres spotives.

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  2. Bonjour belle vision pour la plateau mais soyons réalistes : liens rompus avec la sasp tout est mis en œuvre pour les faire partir, pourtant seul le stade réunit encore autant de biarrots.Contacts mairie avec groupe immobilier oceanis pas d opérateurs locaux ? Dernier exemple la villa fal avec des designers…on voit un peu la direction prise bientôt la fashion week ? Les réunions concertations Aguilera où on tri les participants plus de 600 avis négatifs sur démocratie active …bref il faudra juste avoir de la mémoire pour les prochaines élections sans oublier les colistiers qui auront tout voté salutations

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