
Transcender le drame
Pour aller au-delà de la sidération que provoqua cet incendie inimaginable, au-delà de la désolation d’une forêt disparue que remplaçait cette vaste, tellement vaste étendue grise comme la mort, la mort de souvenirs, de respirations sous les pins, la mort d’émotions d’enfance cachées dans des tiroirs qu’on n’ouvrirait plus, pour faire immédiatement revivre ce pignada1, il fallut la détermination, l’intelligence et le courage de relever les défis que lançaient les cendres et les braises encore chaudes.
Une renaissance

Sur ce genre d’événement se forge la force collective du dépassement. Il fallut imaginer une forêt nouvelle et commencer à planter des essences plus variées que le seul pin maritime pour en sécuriser l’existence. Tous spécialistes se mirent à l’ouvrage pour qu’à peine quelques mois plus tard on voie reverdir et revivre cet espace heureux. La Ville d’Anglet alla plus loin encore en voulant marquer ce jour du 30 juillet 2020 d’un mémorial en remerciement à tous ceux qui avaient permis, dans une nuit d’enfer, de sauver des vies, des habitations et ce qui pouvait l’être encore de la forêt, les pompiers du BAB et avec eux, tous les Angloys et amoureux du pignada, donateurs et acteurs de cette renaissance. C’est ce mémorial que Monsieur le Maire d’Anglet inaugurait il y a quelques jours.
Et comme souvent à Anglet, au confort, on préfère l’audace, comme le releva justement Monsieur Olive : la Ville osa le défi de faire appel aux étudiants de première année des métiers d’art et de design du lycée Cantau. Pas de signature prestigieuse, pas de professionnel aguerri, pas de grands étudiants achevant leurs études, non, les plus jeunes d’entre eux, ceux de première année, pour entamer avec eux un véritable parcours initiatique autour des multiples enjeux de l’esthétique, du savoir, de la maîtrise de la matière et du souvenir.
La confiance
Un tel défi ne peut se tenter ex nihilo. Un projet artistique, culturel, écologique et éducatif de cette ampleur ne peut naître que sur une confiance forgée par des années de travail ensemble ; sur la reconnaissance mutuelle de l’engagement tenu, des professeurs envers la Ville comme de la Ville envers l’équipe du lycée ; sur la qualité des échanges avec le tailleur de pierre, puisque c’est la dure pierre d’Arudy qui fut choisie, et du don de celui-ci à s’adapter à l’imagination et à l’enthousiasme de ces jeunes néophytes ; enfin, sur les relations entre les intervenants et partenaires habituels de la Ville et les responsables pédagogiques de l’Éducation nationale. On allait oublier : et sur le talent de tous.
Voilà, bien compris, un rôle primordial d’une municipalité : transmettre aux plus jeunes, les entraîner à bâtir la ville qu’ils vivront, susciter leur désir d’être des citoyens éduqués et engagés dans et pour la vie de leur cité.

Ainsi Monsieur le Maire d’Anglet, accompagné de son adjoint chargé de la Culture, Monsieur Barate, infatigable médiateur culturel, tous deux convaincus de la nécessité de l’art sous toutes ses formes, pour la qualité de vie de leurs concitoyens, du spectacle vivant à l’art contemporain, ainsi Monsieur le Maire d’Anglet évoquait-il en termes forts ce mémorial intitulé Écosystème : il « s’inscrit parfaitement dans le paysage, en reproduisant un morceau d’écorce de pin posé sur le sol, comme une invitation au repos, à la méditation, à poser son regard sur le paysage environnant, en même temps que sa forme organique interroge et ancre sur ce petit tuc un signe fort d’une grande sérénité ».

Photo Ville d’Anglet
1 Le pignada, terme gascon, est cette forêt urbaine de pins maritimes victime d’un terrible incendie le 30 juillet 2020
Magnifique !
C’est bien cette belle équipe : attentive et curieuse des choses de la vie, riche d’une belle humanité, que j’avais rencontré pour parler de sculpture et d’un sculpteur.
Bravo Monsieur le Maire Olive, bravo Monsieur Barate.
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Un bel hommage aux sauveteurs de notre forêt au péril de leur vie et merci à la municipalité d’Anglet d’avoir activé la renaissance de la PIGNADA.Souhaitons qu’il en soit de même pour préserver les landes de JUZAN.
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