Les ministricules

Comme minuscules ou ridicules, choisissez. L’un n’étant pas exclusif de l’autre, ils sont même cumulables.

On a envie de pousser un grand coup de gueule tant ces gens qui ne connaissent rien de nous nous prennent pour des benêts, des bouseux, au vu et au su de la France entière : Le Monde en faisait des gorges chaudes il y a peu, Le Figaro enchaînait, Sud-Ouest Pays basque, ce matin, clôturaient cette semaine pathétique.

Ni une maison de retraite

Quoi ! Parce qu’on vient en vacances deux semaines l’été et qu’on veut s’installer pour sa retraite ? Quel aveu insultant ! Eh bien, prenez-la votre retraite, Monsieur Guillaume, puisque vous y tenez tant. Mais pas à nos dépens. Les dépens, comme quand la justice nous condamne à en payer les frais. Pas sur notre dos, alors : nulle justice ne nous condamne à vous régler quoi que ce soit. La République et le Sénat, la Drôme et le parti socialiste ne vous en ont donc pas offert assez ? Qu’avez-vous besoin de voler au secours de gens qui n’ont nul besoin ni de vous ni de votre secours et que vous ne fréquentez que depuis que vous a pris l’envie de vous faire élire ici ? Vous ne connaissez rien de leur vie quotidienne. Ah, oui ! On vous a vu au rugby, au marché, vous avez fait scandale à la corrida, vous êtes venu inaugurer la pousse du premier brin d’herbe folle. Cela fait-il de vous un connaisseur de la vie et des besoins locaux ? Savez-vous bien par quel bout commencer la rénovation des trottoirs, l’animation des quartiers, quelles associations encourager ? Quel projet s’assiéra sur l’histoire et l’identité locales pour nous emmener vers des lendemains qui déchanteront ? Parce que ces prétendus cent vingt vous auront bien briefé ? Ils vous tiendront les deux mains pour que vous écriviez un programme aussi impersonnel qu’illusoire. Ainsi, serez-vous leur obligé. Leur affidé. Tous des ex quelque chose reconvertis à un menu qui semble plus appétissant.

Tu peux prier, va !
Photo ©Nicolas Mollo pour Sud-Ouest

Ah ! Il est beau, cet « appel des cent vingt », comme il y eut celui des « trois cent quarante-trois » ! Car il en a fallu, des familles entières, jusqu’aux nourrissons, pour arriver à ce nombre. Et de quoi sont-ils représentatifs, ces anciens ou actuels adjoints dont vous ne voulez plus pour ne pas faire « du neuf avec du vieux. Les adjoints actuels ne le seront plus dans [votre] liste1 ». Avec du vieux : ils vont être contents, les anciens-ex-futurs opposants-ralliés ! Ils doivent déjà regretter de vous avoir « appelé ». Avec une telle promesse, ils ne pourraient ramasser une miette du gâteau. Vous les avez mal choisis : ils ne sont pas là pour rien ; ils vous feront payer un jour ou l’autre l’engagement que vous leur faites prendre. Et ce sera à nouveau à nos dépens.
« Il est beau d’occuper de la place dans les âmes de la foule, mais on y est les trois quarts du temps en si piètre compagnie qu’il y a de quoi dégoûter un homme », écrit Flaubert.

Ni une sinécure 

Quant à votre collègue du tourisme, Monsieur Lemoyne, la ficelle est un peu grosse. Il découvre à peine la ville, il vient de LR, il a soutenu successivement Sens commun, Sarko, Juppé, Fillon, Macron, on en oublie (cf. BBB), et il a fini de préparer avec l’actuel maire ce fameux G7 dont nous gardons le souvenir attendri. Il n’a le temps de s’asseoir à Biarritz que pour une conférence de presse, lui qui, son compte twitter en atteste, passe son temps en courbettes dans les pays les plus saugrenus. Quand donc aurait-il le temps de se préparer à succéder à son chef actuel, puisque c’est bien là la tactique avancée presque officiellement ? L’affaire est éculée et ne ferait pas de lui un expert de l’économie, du logement social, du sport ni de la culture de sa ville de chute. Et quels dossiers aurait-il en charge, qu’il pourrait étudier dans l’avion entre deux escales ? Et à peine élu prendrait-il son bâton de pèlerin pour gagner un autre siège ? De sénateur ? Pratique. Sous quelle étiquette ? Abertzale ? Après l’abandon de toutes les autres, le choix se fait restreint.

L’un comme l’autre, vous nous prenez pour des gogos qu’il suffirait d’appâter avec quelque vain titre national pour nous ferrer définitivement.

Biarritz n’est pas une prostituée qu’on prend par surprise

Les temps sont passés, où l’on sautait en parachute doré pour s’installer. Au moins naguère débutait-on une carrière politique. On ne terminait pas une trajectoire sinueuse et aléatoire quand, ailleurs, on ne voulait plus de vous. Ils doivent être heureux, les électeurs de Vallery ou de Bourg-de-Péage, d’être ainsi faits cocus par des édiles qui ne se seront servis d’eux que pour une carrière de politicard calculateur. Et dès que le vent tourne, vous vous détournez pour un climat plus accueillant, plus tempéré.

Accueillant ? Tempéré ? On vous aura mal informés, messieurs les ministricules qui ne le resteront pas longtemps. Car le Premier Ministre, chef naturel de la majorité, ne saurait laisser ainsi son autorité bafouée. Ah ! Elle est belle votre parole donnée. Deux ministres en exercice qui s’affronteraient dans une élection locale, cela ne s’est jamais vu dans l’histoire de la République.
Accueillants… Tempérés… Oui. Pour ceux qui nous visitent parce qu’ils aiment Biarritz et le Pays basque, parce qu’ils veulent nous rencontrer, connaître, aimer. Pas se servir de nous. Ceux-là, généralement, repartent vite d’où ils sont venus.

Ou nulle part.

1 Citation extraite de l’article de Véronique Fourcade, Sud-Ouest Pays basque de ce lundi 9 décembre, page 20a

8 commentaires sur “Les ministricules

  1. Je suis ce que vous écrivez depuis quelques semaines. J’admire votre culture et votre ouverture mais c’est un pléonasme. Mais là je suis surpris ?
    Tout français quelque soit son ou ses origines a le droit d’exprimer son amour de la patrie et de servir sur tout les territoires de la république. Si un français de la Drôme ou de l’Yonne ou d’ailleurs s’installe et vit à Biarritz, pourquoi serait il moins qualifié qu’un autre français qui est né à la maternité de Bayonne ? François Mitterrand n’a jamais vécu à château Chinon mais il a mieux servi cette ville que tout autre.On peut en dire autant de CHABAN, Juppé ect. Donc soyons républicains et laissez ses différentes personnalités exprimer leur programme, leur amour de la ville et le temps qu’ils vont y consacrer. Les biarrots le moment venu jugeront et se détermineront en toute liberté dans leur isoloir. La multiplicité des listes a fait de la ville un affront tribal où l’intérêt général s’est dilué dans les egos pour ne pas dire les égouts et le narcissisme de la superficialité. Il ne faut donc pas s’étonner que la nature a horreur du vide de personnalités ayant carrure et vertus pour représenter une belle ville au dynamisme de la silver économie qu’est devenue BIARRITZ.
    Certains veulent s’y essayer, on verra ce que ça va donner mais il ne faut ni mépriser ni avoir peur de l’expression démocratique à l’intérieur des valeurs de la république sur le territoire de la république.

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    1. Vous êtes gentil, je prends votre compliment avec plaisir mais je ne crois pas en mériter tant 😉
      Pour le reste, vous avez évidemment raison. Chacun a le droit de se présenter où il réside. A condition qu’il y réside, n’est-ce pas ? Et chacun de nous décidera le moment venu dans l’isoloir. Je diverge d’avec vous sur la multiplicité des listes qui auraient généré le vide. Je ne crois pas. Et je ne crois pas que ce soit pour cette raison-là que ces messieurs se présentent. Deux ministres, du même gouvernement, de la même majorité, l’un contre l’autre, vous reconnaîtrez avec moi que c’est peu banal. Quant à la carrure et à la vertu, comme nous ne connaissons pas les personnes, il sera difficile d’en juger. « Certains veulent s’y essayer, on verra ce que cela va donner… », écrivez-vous. Précisément, ce serait donner un chèque en blanc et c’est bien cela qui est dangereux

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